Février 2016, les fabuleux contrastes du désert du Grand Ouest

Après avoir vraiment apprécié le Sud-Est de l'Utah avec les Parcs de Zion et de Bryce en particulier, nous nous rapprochons de l'Arizona pour rejoindre le Grand Canyon. Le début du mois de février est alors pour nous un temps de "rencontres de la route". Nous croisons tout d'abord la route de Jeanne et Mathieu avec leurs deux enfants, de Haute-Savoie, que nous avons rencontrés la première fois à Zion. A bord de leur camion Man, nous arriverons même à nous retrouver à 7 autour de la table, le temps d'un repas, un record ! Heike est aussi de la partie ce soir-là. Ayant quitté l'Allemagne il y a 3 ans, vers l'Europe de l'Est puis l'Asie, avant de traverser le Pacifique, elle voyage à vélo. Lorsque nous faisons sa connaissance, elle avait prévu de dormir dans les toilettes du parking, "pour se mettre au chaud". Dans le salon du Man, le temps est alors au partage des aventures et des mésaventures de chacun. Toutes ces anecdotes de voyage méritent bien d'être appréciées avec une bonne bière, un guacamole et quelques graines de citrouille à picorer !

Puis au Grand Canyon, admirant un beau renard gris faisant sa sieste au soleil dans la falaise, c'est ainsi que nous rencontrons Célia et Cédrique, de Belgique. Ils arrivent de l'Est Américain, à vélo eux-aussi. Ils apprécient à ce moment-là d'avoir raccroché leurs vélos pour une voiture de location, pouvant avaler plus facilement les kilomètres pour leurs dernières semaines dans l'Ouest Américain. Ce sont de nouvelles têtes avec qui nous partageons un petit bout de chemin, nous retrouvant même plusieurs fois. Nos routes se suivent un peu et aussi les accroches ont été bonnes. Il est vrai que ces moments font du bien à chacun de nous dans le quotidien du voyage, comme un "petit souffle d'air frais social". Puis chacun repart dans différentes directions, sur différents chemins, avec différents projets... Nous ne pouvons nous dire qu'à bientôt ! Qui sait ?!

Point de vue incontournable en arrivant en Arizona, Horseshoe Bend

L'Utah est véritablement une terre de canyons. Mais l'Arizona est l’État de celui que l'on appelle le Grand ! Il nous apparaît d'ailleurs presque trop grand pour notre échelle de petit humain que nous sommes. Ce sont 2 milliards d'années de géologie qui se dévoilent dans cette gigantesque faille de 1500 mètres de profondeur moyenne. Ce n'est pas rien d'avoir sous nos pieds la demi-vie de la Terre mise à nu par la Colorado River, années après années ! Nous resterons sur les hauteurs, les sentiers tout au fond du canyon nous apparaissent cheminer si loin dans les profondeurs du canyon... Cela nous décourage un peu. Pour vraiment en profiter, il faudrait vraiment s'accorder 1 à 2 semaines et s'offrir les services d'une mule comme cela se fait depuis plus de 150 ans. Ainsi, se serait se retrouver au cœur du canyon et l'admirer du bas. Bien que nous ayons 136 chevaux, nous n'avons malheureusement pas trop le temps. Nous nous sommes donnés rendez-vous avec Kurt de Salt Lake City. Il travaille sur la course de "King of The Hammers" en Californie quelques jours plus tard, soit début février. Nous allons devoir rouler pas mal pour y arriver à temps ! 

Contemplation sur le South Rim du Grand Canyon

Plus de photos dans notre album "Arizona, l'Etat du Grand Canyon"

Les 4 voies de la Highway 40 deviennent notre route et les rapides semi-remorques, nos compagnons de route, pour rejoindre assez vite le Parc National de la Forêt Pétrifiée que nous ne voulons absolument pas manquer. Nous y retrouvons Cédrique et Célia avec grand plaisir ! Ce n'est pas très difficile car nous ne croisons pas grand monde en cette période où le tourisme ne bat pas son plein. En découvrant cette forêt pétrifiée au cœur d'une immense plaine désertique, nous admirons, comme nous le dit si bien Cédrique, une "magnifique catastrophe écologique". Ce jour-là, elle est d'ailleurs particulièrement sublimée par cet épouvantable vent ! La présence de tous ces arbres devenus pierres évoque l'époque d'une forêt équatoriale luxuriante similaire à celle que nous trouverons au Costa-Rica par exemple. Mais c'était il y quelques millions d'années !

Un joli coup de hache qui dévoile le coeur de ces bûches coloré par les minéraux 
Célia et Cédrique dans les Badlands de Blue Mesa où les "mudstones" regorgent de troncs pétrifiés 

Pour découvrir davantage de photos, suivez le lien ici !

Le vent sur la plaine d'Arizona n'annonçait rien de bon. Mais l'avantage de ce plat pays, c'est que nous pouvons voir le mauvais temps arriver, et de loin ! Cela ne nous a pas empêchés de nous retrouver sur la route, le soir, en pleine tempête de neige ! Une bonne nuit ensuite pour un nouveau record de température négative dans la voiture pendant la nuit : -16°C ! 

Après avoir été bien refroidis par cette arrivée de neige soudaine, nous reprenons la route une fois que le soleil pointe le nez. Nous nous rapprochons de notre lieu de rendez-vous et nous nous accordons de lever un peu le pied de l’accélérateur en prenant la route 66, la fameuse ! Nous sommes forcés de constater que la route 66 n'est plus que l'ombre d'elle-même, découpée en portions déconnectées les unes des autres. Ce que nous y découvrons nous laisse perplexe. Tout s'effondre comme si cela avait été abandonné du jour au lendemain. Il est vrai que ce désert ne donne pas réellement envie de s'y installer. Il est magnifique, il y fait bon en cette période de l'année mais nous comprenons bien que personne n'ait envie d'y rester. 

Histoire d'une route marquée par le temps...

Par contre, le désert peut devenir très animé le temps d'une semaine en ce mois de février. La course de "King of The Hammers", c'est pour nous du grand spectacle, dans un terrain de jeu de sable et de rocs qui ébranlent à peine les engins rugissants. Nous pouvons même les entendre râler ces engins quand leurs pilotes les lancent dans un mur de roches parfois presque vertical. Techniques et sûrement brutes à la fois, ils conduisent à pleine vitesse ces véhicules robustes tout juste sortis de Mad Max. 

Un véhicule à toute épreuve !

Dans la plaine où des milliers de caravanes se sont installées pour la semaine dans ces "Public Lands", c'est l'effervescence. Tous ces passionnés d'engins motorisés s'éclatent dans une ambiance poussiéreuse. Ils arrivent de partout sur les pistes, hyperactifs, à motos, en quads ou en 4x4, nous devons être à l'affût de ce tout ce qu'il se passe autour de nous. On dirait une véritable ruche, dopée à la bière et aux barbecues pour l'occasion ! Seul bémol, nous ne pourrons pas retrouver Kurt et Dave dans cette foule !

Du monde est au rendez-vous ! 
Coucher de soleil poussiéreux sur la Johnson Valley
  
King of The Hammers, Ambiance en vidéo ! 
 


Trouvez d'autres photos dans notre album "King Of The Hammers, une course à l'américaine" ! 
 
Le contraste est saisissant une fois que nous arrivons dans la si calme Réserve de Mojave où nous savourons de prendre le temps. Tout est tellement plus facile lorsque les températures sont douces dès le petit matin. Pas besoin d'enfiler des épaisseurs avant de mettre le nez à l'extérieur de notre petit nid pour au final avoir l'onglet en touchant n'importe quoi. Sans parler de se brûler la langue en voulant se réchauffer trop vite avec un bol de thé trop chaud ! Nous aimons passer du temps dehors pour cuisiner ou pour manger tous les deux assis sur la ridelle. Ouvrir en grand, ranger la voiture avant de reprendre la route ou y bidouiller est tellement plus agréable ! Juste avant de rejoindre Las Vegas, cette halte nous fait du bien ! Sans compter qu'en plus, alors que nous n'avions pas vraiment d'idée de là où nous posions les roues, la Mojave National Preserve est pour nous une très bonne surprise. Entre son paysage de dunes, ses lits de lave et la Mojave Road, magnifique piste qui se promène au milieu de la forêt de yuccas, ces paysages sont étonnants !

Terres volcaniques de Mojave où s'épanouissent les yuccas

Découvrez en photos les surprises de Mojave !
   
Une fois à Las Vegas, nous retrouvons de nouveau Célia et Cédrique. Un coup de bol dans cet immense pays, ils allaient juste y passer lorsque nous y arrivions ! Nous empruntons tous les 4 le fameux boulevard du Strip où les hôtels se veulent plus exubérants les uns que les autres. Nous traversons les casinos, de l'un à l'autre, les ambiances sont différentes, de la fête foraine familiale aux galeries de luxe. Le spectacle est partout à l'extérieur, stimulant tous les sens et bizarrement, dans les casinos, les stimulations vont toutes vers un même et puissant but : l'obsession pour le jeu. Les notions de temps n'existent plus, les lumières de la nuit et du jour se mélangent. Pas besoin de se déplacer, tout est servi "à domicile" quand on campe devant sa machine bruyante de promesse de gains. Il nous fallait vraiment y faire un tour, c'est à voir ! 

Visite parisienne sur le grand boulevard lumineux du Strip
Rendez-vous en Italie dans les rues factices du Caesar Palace

Vous en voulez plus ? C'est dans notre album "Las Vegas, une ville de lumière au coeur du désert du Nevada"
   
Jusqu'aux frontières de la Death Valley, nous continuons à trouver sur la route des casinos qui font fleurir les villes du Nevada. La sur-stimulation qui règne à Vegas est bien derrière nous maintenant et nos sens retrouvent de la douceur dans la Death Valley. Oui oui, vous avez bien lu, de la douceur dans la Death Valley ! 

Les douces courbes des mauvaises terres de la Death Valley

Nous ne découvrons pas du tout une vallée de mort, aride à l'extrême comme nous l'avions imaginé, mais bien une vallée de vie ! Nous apprécions encore une fois la chance que nous avons de voyager dans l'Ouest Américain en hiver. Même si les températures grimpent jusqu'à 36°C en ce mois de février, c'est le printemps. Nous arrivons exactement au moment du boum floral, "the bloom" ! Alors que nous rejoignons un endroit où nous comptons passer la nuit, il fait déjà presque nuit... Toutefois,  les collines sombres autour de nous paraissent lumineuses. Mais c'est surtout notre nez notre meilleur indicateur. La senteur mielleuse de cet or du désert "régale" nos narines grandes ouvertes, cette douce odeur sucrée nous faisant oublier celle de la poussière. Et au réveil, nous en prenons plein la vue, nous sommes au beau milieu d'un champ de fleurs ! 

 "Gold Desert" (Geraea canescens) porte bien son nom d'or du désert !
Sur l'étendue de boue de Racetracks, même les pierres de la Death Valley sont vivantes et font la course ! 

Les fleurs n'ont pas encore l'air de souffrir de ces températures pour nous estivales. Nous nous trouvons dans l'endroit le plus chaud des États-Unis où a déjà été enregistré 59°C en plein été... Malgré tout, même si nous apprécions cette chaleur, c'est un peu excessif quand on pense que nous avions -16°C quelques jours auparavant. 

Les Dunes Eureka, au nord de la Death Valley, sont les plus hautes dunes de Californie avec leurs 200 mètres de haut

Nous avons bien l'intention de remonter vers le Nord, en particulier jusqu'en Oregon, espérant bien skier de nouveau sur notre route dans la Sierra Nevada ou dans la Chaîne des Cascades. A peine sortis de la Death Valley, la neige n'est pas loin ! Nous allons avoir à nous acclimater de nouveau, nous emmitoufler dans nos doudounes par 12°C nous donne l'impression que nous sommes devenus frileux !

A très bientôt,

Les Galopères.