Octobre 2014, Destination Alaska, the "Last Frontier"

À l'approche du mois d'Octobre, il s'agit pour nous de rejoindre l'Alaska où mes parents viennent nous rejoindre pour une quinzaine de jours. L'occasion de partager un petit bout de notre voyage et de nos pérégrinations avec nos proches. Comme notre Gaillard est pensé pour 2, ils vont louer à Anchorage un 4x4 avec cellule, type de véhicule que l'on retrouve très souvent sur les routes ici. Nous pourrons nous y retrouver tous les 4 autour d'une table à l'intérieur et au chaud.

En attendant le 1er octobre, date du rendez-vous, nous avons de nouveau un sacré bout de route à faire ! Pour ne pas être trop frustrés, nous décidons d'avoir 10 jours devant nous pour faire les 3500 kilomètres qui nous séparent d'Anchorage. Avec l'expérience de la traversée d'Est en Ouest du Canada, nous choisissons de faire la route sans se mettre le jus ! Et pourquoi pas, si certains jours nous roulons bien, nous arrêter le temps d'une journée ou deux pour faire un peu de montagne ou ressortir le kayak avant que les lacs ne gèlent !

Nous quittons Jasper, en Alberta, bien décidés à revenir crapahuter dans les Rocheuses fin octobre, à notre retour d'Alaska. L'Alaska Highway, LA route qui mène en Alaska, nous invite à la rejoindre mais nous essayons malgré tout de suivre des routes "secondaires". Dès que possible, nous empruntons les pistes que nous pouvons suivre avec notre Globe4x4 800S. Après celles d'Alberta, les forêts de Colombie Britannique sont irriguées d'un sacré réseau de pistes ! Bon, certaines s'arrêtent en impasse au bout de 150 kilomètres, faute d'entretien. L'occasion d'un demi-tour obligatoire, ce qui n'est pas dans les habitudes d'Alexandre ! 

   
Ça fait beaucoup de kilomètres mais malgré tout, cela nous donne l'occasion de visiter les exploitations pétrolifères et gazières en activité intensive dans le nord de la Colombie Britannique. Chaque piste, chaque impasse dans laquelle nous nous engageons conduit à un forage... Dans ces immenses forêts qui commencent à se tinter de leur robe automnale, nous croisons peu d'habitations mais pourtant une grosse fourmilière est en action 24h/24... Nous croisons ainsi des camions lancés à pleine vitesse, dégageant d'énormes nuages de poussière et de cailloux sur leur passage... Nous ne sommes pas fiers en les croisant et le bas-côté est souvent notre refuge en les voyant arriver !

Dans notre demi-tour, il fait nuit noire et des lumières sur la piste nous interpellent... 3 camions sont arrêtés. L'un a le capot ouvert, l'extincteur est de sortie à côté... En panne ? Un moteur qui chauffe ? Dans ce pays où personne n'est laissé seul sur le bas-côté en situation délicate, Alex décide de s'arrêter et de proposer son aide. L’œil averti, il remarque une durite de liquide de refroidissement qui pisse tout ce qu'elle peut... Un coup de main apprécié par les trois chauffeurs et l'occasion pour Alex de rencontrer Jack, un des chauffeurs, Québécois pure souche ! Maintenant que nous sommes en région anglophone, quel plaisir que de retrouver un bon échange ponctué de tabarnak, d'ostie de câlisse, de christ... Avec de grands points d'exclamation ! 

Une fois que nous quittons les pistes pour retrouver l'Alaska Highway, nous prenons la mesure de la distance qui existe entre les villes. De nombreuses fois, c'est rassurés que nous pensons aux 190 litres de gazole que nous avons en réserve lorsque nous venons de passer à la pompe... Surtout que sur la route, la plupart des stations annoncées ne sont plus que terrains abandonnés à la végétation qui reprend place...


L'Alaska Highway a beau être une route, elle fait aussi partie de cette immense forêt canadienne que nous traversons. Et c'est étonnant à quelle point elle est animée de vie animale ! Sans quitter la route, sans sortir de la voiture, nous voici en pleine sortie naturaliste ! 


Et quel spectacle de faune sauvage non rebutée à fouler le goudron ! Caribous, bisons dans un bain puissant de phéromones, grizzli, orignaux et les plus attachants, maman lynx d'un côté de la route tandis que ses petits l'attendent inquiets de l'autre côté... Et nous, nous sommes au milieu d'eux, admiratifs... 


L'arrivée au Yukon, toujours un peu plus au nord, nous amène à faire une petite pause sur la route. Bien que nous avions d'autres projets et en particulier d'aller crapahuter en montagne, nous devons prendre soin, en priorité, de notre compagnon de voyage à 6 roues. Sans un Gaillard en plein forme, nous ne pouvons continuer le voyage. Après avoir gonflé et nous avoir lamentablement lâchés lorsque les températures ont commencé à baisser à Banff, nous avons décidé de changer les batteries de démarrage pour des batteries "made in Canada" plus fiables, nous l'espérons, pour l'hiver à venir. Une petite fuite de liquide de refroidissement nous alerte un peu, un moteur de vitre électrique qui grille... Chaque jour, notre HJ61 nous fait une petite surprise, nous rappelant ainsi combien il est important de le choyer au quotidien.

Et ce temps de pause à Whitehorse tombe à point. Nous sommes dans la zone idéale pour nous endormir chaque nuit la tête dans les étoiles, le ciel orné de magnifiques aurores boréales !  


Puis, après cet intermède internet-mécanique, il est temps de reprendre la route. Notre rendez-vous à Anchorage approche et nous avons encore beaucoup de kilomètres à parcourir. Une bonne douche matinale et hop ! En route ! Nous avons effectivement découvert que nous sommes plus "chauds" au pied du lit pour savourer l'eau à 35°C alors que l'air est à -5°C en ce moment. Imaginez ce bien-être que nous avons ensuite pour toute la journée !

Nous traversons assez rapidement la frontière entre le Canada et les Etats-Unis, "The Last Frontier" comme on dit ici en parlant de l'Alaska. Tandis que les kilomètres deviennent des miles, les distances restent considérables. Croiser un Toyota HZJ75 avec, à son bord, un équipage formé d'un couple de jeunes trentenaires, voyageurs et français, comme nous, est alors une sacrée surprise ! Nous nous arrêtons alors sur le bord de la route avec Katia et Ivan pour discuter quelques heures avec grand plaisir de ces belles expériences que nous partageons ! Nous fêtons nous aussi nos "30 ans ailleurs..." Eux se dirigent vers le sud-est tandis que nous allons vers le nord-ouest. Nous espérons les recroiser dans les Rocheuses Canadiennes cet hiver où, eux aussi, vont s'arrêter quelques mois avant de continuer le voyage, cap au sud.

1er octobre à Anchorage, mes parents sont bien arrivés. Après un bon "breakfast made in Alaska" pour les mettre au parfum, nous pouvons faire un bout de chemin ensemble sur les routes alaskiennes ! Et grâce au truck camper qu'ils ont loué pour devenir nos partenaires de voyage pendant 2 semaines, nous partons tous les 4 à la découverte de ce fameux 49ème état que nous ne connaissons pas. 


Très vite, en quittant Anchorage, nous retrouvons avec eux les grands espaces. En particulier, le sommet du McKinley apparait, seul, gigantesque devant nous sur la route, du haut de ses 6194 mètres. Malheureusement, dès que le mauvais temps arrive, il a très vite la tête dans les nuages... Le mauvais temps nous apporte, dès le 2ème jour, de la neige, un peu comme un début d'hiver, bien que les températures soient encore bien au-dessus de celles que les habitants connaissent. La nature en est toute transformée en se parant de son doux manteau blanc. Les lacs et les rivières se figent avec le gel, les orignaux viennent trouver quelques brins d'herbe sur le bord de la route vers Fairbanks qui s'est couverte de glace. Nous roulons donc avec vigilance, parfois doublés par des camions citernes à double remorque qui ne s'obligent pas à ralentir, bien habitués à ces conditions.


Il n'est pas encore l'heure d'hiberner, la vie sauvage est encore en pleine activité. C'est le cas du castor qui n'hésite pas à casser la petite épaisseur de glace pour faire son tour du propriétaire tous les matins. De notre côté, tandis que le froid commence à nous faire frissonner, c'est plutôt dans l'eau chaude que nous choisissons de plonger. Se relaxer dans les sources d'eaux chaudes de Chena à 40°C va être pour nous, pendant quelques jours, un doux moyen de savourer cet hiver précoce. 

Nous finissons ensuite notre périple à 4 en prenant la direction de Valdez, par la Richardson Highway, longée par un pipeline qui traverse tout l'Alaska, du nord au sud. Cette route nous offre la vue de paysages magnifiques, riches en sommets enneigés auxquels s'accrochent encore d'énormes glaciers. Et pour notre plus grand plaisir, c'est un vrai festival de pêche au saumon pour les fameux pygargues à tête blanche, les "bald eagles" ou "aigles chauves" comme ils sont nommés ici.  


Tout au long de ces deux semaines, mes parents se laissent porter et se mettent à notre rythme et à nos habitudes de vie simple. En invités attentionnés, ils viennent nous gâter de bons mets de chez eux pour fêter nos retrouvailles et c'est avec plaisir que nous dégustons ensemble petit foie gras arrosé de bon vin. Puis, après les bons moments partagés, il est temps de se dire au revoir et nous reprenons chacun nos chemins de vie... 

Découvrez l'album photo de nos pérégrinations alaskiennes ici

Deux semaines que nous ne nous étions pas connectés et nous retrouvons Anchorage pour écrire et trier nos photos. Notre programme est établi pour 2 ou 3 jours, nous avons un peu de travail. Mais, pour la première fois depuis que nous sommes partis, notre calendrier est vide de rendez-vous. C'est un drôle de sentiment que de se dire "où va-t-on maintenant ?" ou "que faisons-nous ?". Une chose est sûre : c'est dans les Rocheuses Canadiennes que nous allons passer l'hiver et il arrive !

A très bientôt !
Les Galopères

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